Navigation Menu

La Tanzanie I : Arusha et cérémonie Massaï

Du 21.10.2018 au 6.11.2018

Dans notre choix de partir en Afrique, la Tanzanie comptait pour beaucoup. Ayant un ami tanzanien de longue date, nous espérions pouvoir vivre le pays de l’intérieur… Nos attentes ont été plus que comblées!

Nous avons vécu dans la famille de notre ami, visité le pays massai et participé à une magnifique cérémonie, goûté à la vie d’expatriés à Dar Es Salam et nous nous sommes baignés dans le lac Tanganyika…. Que d’aventures en 6 semaines!

Nous entrons en Tanzanie par le sud, depuis le Malawi, où nous venons de passer un mois à profiter de la plage et du soleil. Changement de pays et changement de météo! Pas plus de 30 minutes après avoir passé la frontière, nous sommes rincés par notre première pluie. Nuages et pluie nous accompagneront ensuite durant près d’une semaine.

Dès notre entrée en Tanzanie, nous contactons notre ami Kinyasi, qui nous invite à le rejoindre directement à Arusha tout au nord du pays. Il n’est pas sûr de pouvoir être disponible la semaine suivante. Il est en pleine réélection en tant que représentant de la région Simanjiro au parlement tanzanien. S’il est aujourd’hui parlementaire, nous connaissons Kinyasi depuis plus de 25 ans. Soutenu dans ses études par l’un de nos amis suisses, il avait passé à Lausanne chez Pierre-Michel dans les années 90, puis avait fait découvrir la Tanzanie à Vanessa, il y a une vingtaine d’années. Plus récemment, en 2014, nous lui avions fait découvrir la Suisse avec son épouse Janeth, lors de leur voyage de noces… C’est donc pour nous rendre chez un ami, un frère, que nous traversons la Tanzanie du sud au nord en 3 jours.

WordPress Gallery Extra

Comme toujours, un nouveau pays est une découverte. Après le Malawi très pauvre, la Tanzanie est bien plus active. De petits commerces occupent les rues des villages, comme celles des villes. Pas de grands magasins, seulement des centaines de petites échoppes. Même dans la capitale, que nous traversons le deuxième jour, nous ne voyons pas de grands magasins, ni d’ailleurs de grands centres industriels. Dodoma reste une petite ville provinciale, où nous avons plaisir à nous arrêter le temps d’un repas et d’un moment de flânerie dans le marché. Nous sommes vraiment en Afrique et nous aimons cela.

WordPress Gallery Extra

La Tanzanie est un pays vaste et sa traversée du sud au nord représente plus de 1000km à parcourir. Mais la route qui traverse le centre du pays vient d’être achevée  et est d’excellente qualité. Nous parcourons ainsi ce trajet en trois jours avec un arrêt pour la nuit à Iringa puis à Neganzi.

WordPress Gallery Extra

 

WordPress Gallery Extra

Kinyasi nous accueille à Arusha et commence par nous emmener dans un très beau mall, tout neuf… nous sommes heureux de le retrouver! Nous nous installons ensuite dans son jardin et retrouvons sa femme Janeth, ses enfants et Muterian, son frère, que nous connaissons également depuis longtemps. Dans la maison vit également le nerveux de Kinyasi, Peter, ainsi que quelques autres massaï de passage. En Afrique, lorsque vous avez une maison, votre famille élargie s’y invite très naturellement dans le cas où ses propres ressources viennent à manquer. Ainsi, la cuisinière fait tous les jours à manger pour au moins une dizaine de personnes…

WordPress Gallery Extra

Nos premiers jours à Arusha se passent en compagnie de notre hôte, avec qui nous partageons de passionnantes discussions sur le monde, la politique et nos vies respectives. Il nous mène parfois manger dans de petits restaurants de rue, d’autres fois dans des lieux réputés, tel que ce restaurant spécialisé dans le Nyama Choma, la viande grillée, spécialité culinaire tanzanienne par excellence. Nous y rencontrons l’un de ses confrères juristes qui a très bien réussi. Nous découvrons ainsi que vivre en Afrique rime pas forcément avec pauvreté… Un autre jour, Kinyasi et Janeth nous conduisent sur le chantier de leur future maison. La construction a débuté depuis plusieurs années et se poursuit en fonction des fonds disponibles… La résidence promet d’être de toute beauté, lorsqu’elle sera terminée. Nous promettons de venir pour l’inauguration !

WordPress Gallery Extra

Nous arrivons en pleine période de réélection. Kinyasi vient de passer de l’opposition au parti gouvernemental. Bien qu’il soit loin d’être un inconnu dans la politique de ce pays de près de 60 millions d’habitants, dont il a été un leader estudiantin remuant et très médiatisé à une certaine époque, on lui demande d’aller rencontrer plusieurs leaders du parti, pour faire son devoir d’allégeance. Il prend ainsi l’avion pour se rendre le lendemain matin à Dar Es Salam, pour une durée indéterminée. Kinyasi, ou James Millya de son nom officiel, est connu pour ses positions droites, incorruptibles et orientées sur la défense de son peuple massaï. Il défend les pauvres, étant lui-même issu d’un milieu très modeste, refusant les compromis douteux avec les puissantes sociétés minières qui souhaitent exploiter les terres de son peuple sans rien faire pour la région, et qui tentent d’acheter des parcelles illégalement aux chefs locaux.

Sa juridiction compte près de 250’000 âmes, mais ses problèmes principaux sont d’acheminer l’eau et l’électricité dans les villes et villages de la région, avant de s’attaquer à la question du financement d’une route goudronnée. Cette année, il a réussi à faire ouvrir un hôpital à Orkesmet, le chef-lieu. Ainsi que l’aqueduc assurant un accès constant à l’eau depuis un fleuve à plusieurs centaines de kilomètres devrait être terminé dans les prochains mois.

Nous restons ainsi 10 jours dans sa maison, en compagnie des diverses personnes qui y vivent, mais sans nos hôtes, qui travaillent pour faire vivre une bonne cinquantaine de personnes de leur famille élargie. Janeth est responsable des ressources humaines dans l’un des grands hôtels de la ville. Elle part le matin vers 07:30, lorsque les enfants partent à l’école et rentre généralement vers 19h. Un poste à responsabilité en Tanzanie ne demande pas moins de travail et d’engagement que chez nous en Suisse…

Nous mettons à profit le temps à notre disposition pour faire une série de travaux de maintenance sur notre véhicule. Il nous faut notamment trouver une nouvelle courroie pour notre moteur. Une tâche moins aisée qu’il n’y paraît, puisqu’il nous faudra toute une journée et plus de 10 magasins ou garages pour la trouver. Nous faisons également réparer plusieurs téléphones que nous avions emportés de Suisse. À chaque fois que nous sortons, nos eux amis Muterian et Peter nous accompagnent pour nous guider. Par le fait que nous faisons partie de la famille, nous sommes plongés dans la culture tanzanienne… pas moyen d’être seul une minute, il y a toujours du monde. Mais par ailleurs, pas besoin de leur prêter une attention particulière, comme on peut le faire avec nos invités en suisse… un équilibre très différent dans les relations, qui nous déconcerte souvent. Et puis nous sommes en Afrique, impossible de savoir ce qui se passera dans l’heure qui suit!

WordPress Gallery Extra

Le 30 octobre, c’est l’anniversaire de Vanessa, il nous faut trouver des sushis! Ce n’est nullement un problème dans une ville aussi touristique que Arusha et en plus ils sont bons ! La journée d’anniversaire est comme toujours agrémentée de toute sorte de surprises préparées méticuleusement par nos filles depuis plusieurs semaines. Spectacle, musique, guirlandes et cadeaux, Vanessa est comblée toute la journée d’attentions particulières. Le clou de la journée est la remise du premier livre écrit par Louise et Jeanne. Format hyperpoche (5cm sur 3), une vingtaine de pages écrites et illustrées, c’est le conte fantastique de “Nirama et des trois dragons”. Réalisé de manière entièrement autonome dans les derniers 6 mois, l’histoire tient vraiment la route et remplit de fierté et de gratitude les parents ! Bravo les filles !

Le soir nous avons l’honneur d’être invités chez les parents de Janet, pour déguster un excellent repas et même un gâteau d’anniversaire ! Nous nous sentons vraiment faire partie de la famille! Merci beaucoup!

WordPress Gallery Extra WordPress Gallery Extra

Kinyasi est de retour pour quelques jours, il devrait partir en campagne dans les prochains jours, mais rien n’est vraiment clair. Le lendemain en fin de matinée, Janeth revient précipitamment du travail, elle doit accompagner son mari à Orkesmet, pour qu’il fasse officiellement acte de candidature à sa propre succession. Les voilà partis, pour deux jours… Finalement, par les forces du jeu politique, James Kyniasi Millya sera le seul à déposer une candidature valide. Ainsi, fut-il réélu, sans avoir besoin d’organiser une coûteuse campagne et de longues élections. Mieux, dans les semaines qui suivirent, il put renouveler son serment au parlement, assurant ainsi une continuité dans sa présence politique. Notre ami a visiblement les appuis qu’il faut pour monter rapidement en grade… peut-être un jour sera-t-il ministre ou président ! Nous lui souhaitons dans tous les cas de ne pas perdre son âme dans cette course… ni la vie !

Voici près de 10 jours que notre véhicule est planté dans le jardin, notre esprit voyageur montre des signes d’impatience… Kinyasi nous prie néanmoins d’attendre son retour encore un jour ou deux… mais en bon politicien, il attend également autre chose… nous lui avions demandé de se renseigner s’il n’y avait pas une petite cérémonie massaï à laquelle nous pourrions assister… et nous n’en avons plus reparler. Certainement a-t-il oublié, il a eu bien d’autres préoccupations… eh bien non. Le voici qu’il nous annonce que nous devons nous préparer à partir avec Peter le lendemain matin, pour aller à une importante cérémonie !

Simba, le Lion, l’un des chefs de famille massaï les plus puissant et fortuné de la région. Il organise une grande cérémonie en l’honneur de la circoncision de plusieurs garçons et filles de sa famille (les filles ne sont plus excisées, c’est interdit par la loi, mais la cérémonie de passage dans la classe d’âge suivante se célèbre de la même manière). Nous nous mettons en route… ou plus précisément en piste, puisqu’en Tanzanie, en dehors des grands axes qui relient les 3 principales villes, il n’y a que des pistes, souvent mauvaises… Peter nous accompagne… en route nous nous arrêtons pour qu’il fasse sa ‘transmutation’, de jeune homme des villes en guerrier massaï ! Pas mal, juste les savates jaunes qui ne sont pas du tout assorties !

WordPress Gallery Extra

Nous arrivons en début d’après-midi sur le lieu de la cérémonie… il y a beaucoup, beaucoup de massaï, entre 1000 et 1500 nous dit-on! Nous sommes les seuls non-massaï ! Les festivités ont déjà commencé… nous sommes attendus, salués et on nous offre une place dans la tribune officielle. Il y a des discours et des danses, dont nous ne saisissons pas vraiment le sens… les femmes sont parées de leurs plus beaux bijoux. Les filles, pour qui cette cérémonie à lieu, ont le crâne fraîchement rasé et portent un habit jaune. Les garçons eux ont été circoncis au lever du jour. Ils se ‘reposent’ dans l’une des maisons du village et ne participent jamais à la fête. Cela se comprend, compte tenu de la douleur à supporter sans exprimer le moindre signe de souffrance. Est-ce lié à ce rituel ? Mais tous les garçons et les hommes qui nous entourent semblent fiers, sûrs d’eux et arborant un regard franc et droit. Ils paraissent imperturbables !

WordPress Gallery Extra

Le repas est servi. Tout le monde attend son tour… Beaucoup de bonnes choses sont servie, mais au moment de manger, nous sommes un peu empruntés… il n’y a pas de services, il nous faut manger avec les mains! Nous n’y sommes pas très habitués…

WordPress Gallery Extra

Près de l’entrée du village, les hommes se sont visiblement réunis, ils attendent quelque chose… sur le chemin, arrive un groupe de guerriers massai, les Moranes. Ce groupe d’âge vit depuis toujours ensemble. Par le passé, les Moranes vivaient dans un village à part, s’initiant à la chasse et à la guerre, prêts à défendre le territoire en cas d’attaques d’ethnies adverses. Il n’était pas rare que l’on s’affronte entre groupe ethnique et que l’on se vole du bétail. Aujourd’hui, plus d’affrontements ethniques en Tanzanie, plus de chasse au lion armé d’une simple lance, non plus… les animaux sont protégés… et souvent plus de villages de Moranes. En effet, les Massai se sont peu à peu sédentarisés en raison de la pression démographique, ne permettant plus de s’installer n’importe où. Mais même si les traditions s’effilochent, se transforment et se perdent malheureusement avec le temps, ce jour-là ce sont de fiers guerriers qui défilent… mais ce premier groupe est à moto !

WordPress Gallery Extra

Les guerriers à pied suivent, une fois le premier groupe passé. Ils sont beaux et imperturbables. Alternativement, un ou deux guerriers s’arment d’un bouclier et viennent taper le sol en haranguant la foule, levant un nuage de poussière ! Lentement, le groupe avance, l’un derrière l’autre, tel un seul homme. La cinquantaine de guerriers sont attachés l’un à l’autre par leur collier, qui les rend indissociables. L’ambiance est puissante, impressionnante ! C’est incroyable d’être là ! Moment souhaité, rêvé, mais l’intensité de cet instant est au-delà de tout ce que nous aurions pu espérer…

WordPress Gallery Extra

Vient un troisième groupe, tout aussi fier. Le leader, qui mène la file, à une tresse qui lui descend jusqu’au bas du dos ! C’est juste splendide…

WordPress Gallery Extra

Entre temps, Kyniasi est également arrivé. Il ne savait pas s’il pourrait venir, mais il est là… Nous sommes ainsi invités à manger de la viande avec Simba, l’hôte de la cérémonie et les personnalités importantes de la région. Comme il se doit, dans la tradition massaï, les hommes se retirent à l’écart du village pour manger la viande hors de vue des femmes…

Après le repas, Kinyasi et les personnalités retournent dans la tribune pour s’adresser aux convives. Kinyasi s’exprime en langue massaï et une traduction simultanée est assurée en swahili… Notre parlementaire sait parler aux foules, si on en juge au langage non verbal… à la fin de son discours, il nous présente. Étant les seuls étrangers, il explique que nous faisons partie de sa famille, qu’il est venu chez nous en Suisse et que nous parcourons le monde avec notre véhicule. Il nous fait grand honneur. Jeanne, sur les genoux de Kinyasi, finit sur la photo officielle avec toutes les personnalités présentes ce jour-là.

WordPress Gallery Extra

Le dernier groupe de Moranes ayant pénétré dans l’enceinte du village, les danses s’organisent spontanément à plusieurs endroits. Les hommes et les femmes dansent dans un cercle, sous des rythmes scandés par tous. Les hommes font des sauts d’une hauteur impressionnante, font un bruit puissant en retombant au sol, puis s’élancent au milieu du cercle. Hommes et femmes dansent en bougeant en rythme, épaules, nuque et tête… faisant osciller régulièrement les plateaux de perles que les femmes portent autour du cou. C’est un moment de communion et de bonheur pour tous. La joie, l’émotion se lisent sur les visages. Les jeux de séduction entre hommes et femme sont plaisants et joyeux…

WordPress Gallery Extra

 

WordPress Gallery Extra WordPress Gallery Extra

Le soleil se couche peu à peu, les chèvres et les vaches rentrent au village pour la nuit, mais les danses se poursuivent, les discussions également. Les massaïs sont là pour faire la fête ensemble, se rencontrer, discuter, danser, se faire la cour et échanger les dernières nouvelles. On y revoit des membres de sa famille éloignés, ou de proches parents… Chez les massaïs, la cérémonie de circoncision est la plus importante de la vie et donne lieu à une fête bien plus importante qu’un mariage… Quelle chance que nous ayons pu participer à un tel événement, qui restera à jamais gravé dans notre mémoire. Merci frère Kinyasi !

WordPress Gallery Extra

Nous dormons dans l’ensceinte du village, avant de reprendre la route le lendemain matin, après avoir remercier chaleureusement Simba, le chef de famille !

Post a Reply

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*