Navigation Menu

Premières impressions d’Afrique du Sud :

Port Elizabeth et township

du 10 au 23 avril 2018

À Port Elizabeth nous sommes hébergés dans un AirBnb tenu par Nicole, une Suissesse. Son compagnon, Nick, est de l’ethnie Xhosa (le x se prononce en faisant claquer la langue sur le palais). Il a grandi dans un township, une zone d’habitation construite pour y placer souvent de force les non-blancs, au nom des lois sur l’apartheid. Aujourd’hui, 25 ans après la fin de la ségrégation, la très grande majorité d’entre eux vivent encore et toujours au même endroit. La seule différence est que les noirs peuvent aujourd’hui circuler librement et habiter dans les quartiers riches, s’ils en ont les moyens, et très peu d’entre eux ont cette chance. Toutes les villes d’une certaine importance ont un ou plusieurs townships. De nos jours, ceux-ci ressemblent souvent à une alignée de maisons, toutes similaires, financées par le gouvernement, plus ou moins salubres en fonction de leur âge. En bordure de ces quartiers-villes se trouvent d’autres espaces de vie, bien plus pauvres. Des bidons-villes, sans électricité, ni eau courante. Ils regroupent souvent les migrants de toute l’Afrique, venus par million chercher un avenir meilleur en Afrique du Sud. Autour des grandes villes, chaque township peut compter entre 200’000 et 1’000’000 d’âmes. La criminalité y est souvent très élevée et plusieurs gangs rivaux y font la loi.

WordPress Gallery Extra

Nicole et Nick proposent une visite du Township où Nick a grandi. C’est une opportunité unique de comprendre une partie importante de ce pays. On débute par la visite d’une école comptant près de 400 élèves. Le directeur nous reçoit et commence par nous montrer la nouvelle barrière de trois mètres de haut qui protégera bientôt l’école. C’est du solide! Les deux barrières précédentes ont été volées! Puis à chaque fois, c’est l’école qui a été cambriolée. Les classes comptent entre 50-60 élèves. Il faudrait plus de moyens pour développer l’école, mais une bonne partie de l’argent des fonds publics n’arrive pas jusque dans les quartiers défavorisés. Elle se perd on ne sait où… Dans ces conditions d’apprentissage, il faut être soit très bon, soit très motivé pour s’en sortir.

WordPress Gallery Extra

Nous allons ensuite faire une visite à la maman de Nick. Au coin de la rue, il y a plusieurs stands. L’un vend des fruits et légumes, l’autre des pieds de porc. Il y a aussi un lavage de voiture et en face, un centre tout neuf aidant les personnes qui souhaitent développer une activité indépendante.

Nous passons à l’épicerie du quartier. La sécurité y est maximale: porte et fenêtre lourdement grillagées, homme armé d’un fusil à pompe à l’entrée, surveillant sur une chaise d’arbitre de tennis scrutant les faits et gestes des clients. Sur la gauche, un comptoir, surmonté d’épais barreaux, tel un guichet de banque, offre un accès limité aux produits de valeur. Cosmétiques, cigarettes ou médicaments ne sont échangés que lorsque l’argent est sur le comptoir.

La maman de Nick habite une petite maison: une cuisine, une chambre et un salon. Elle nous a préparé un excellent pain ainsi que du mil que l’on déguste avec un peu de crème acidulée. C’est très bon… La discussion s’engage. Elle nous raconte les années sous l’apartheid, l’absence de droit et de liberté. Sa foi et l’aide d’une missionnaire de l’Église évangélique l’ont aidé à s’en sortir à la mort de son mari, alors que ses enfants étaient encore petits. Sa fille est aussi autour de la table. Elle a une vingtaine d’années et est enceinte. Le père de l’enfant ne veut pas l’épouser. Il payera pour le ‘dommage’ un montant négocié qui devrait compenser ce qu‘elle perdra sur sa dote lors de son mariage. Elle touchera également une rente de l’état pour cet enfant. Dans la discussion, elle nous affirme qu’elle préférerait que le gouvernement lui donne une maison à la campagne plutôt qu’en ville. Elle se voit bien fermière. Nous sommes un peu surpris du fait que le gouvernement offre ainsi à chacun une maison. Nous demandons si les blancs, qui ne trouvent plus de travail en raison des quotas (1 blanc pour 9 noirs) et qui se retrouvent démunis, bénéficient des mêmes aides? La question reste sans réponse.

WordPress Gallery Extra

Le lendemain, le contraste est saisissant. Nous allons faire des achats dans un centre commercial. C’est un mall composé de dizaines de boutiques, de banques et de restaurants offrant le même niveau de vie et de produits que dans les grandes villes européennes, et au même prix. Il y a même une boutique du chocolatier suisse Lindt! Nous nous perdons dans le supermarché.

WordPress Gallery Extra

Toujours sans notre véhicule qui n’arrivera qu’une semaine plus tard, nous changeons d’appartement, Nicole ayant d’autres réservations. L’appartement de Mandy est superbe, nous nous y sentons très vite à la maison, sauf en ce qui concerne la sécurité. La maison se trouve dans un groupe d’habitations toutes similaires, entouré d’une haute barrière électrifiée. La porte d’entrée de la maison, comme toutes les fenêtres, est protégée par des barreaux coulissants. À l’intérieur, de mêmes barreaux protègent encore la chambre à coucher. Le système d’alarme est connecté à un service privé de sécurité, armé, qui intervient en gilet pare-balles dans les 3 minutes. Une nuit, nous déclenchons par erreur l’alarme, l’équipe d’intervention sonne à notre porte presque immédiatement. C’est impressionnant! Est-ce vraiment si dangereux ici?

WordPress Gallery Extra

Notre véhicule arrive comme prévu. Toutefois, malgré nos instructions, l’entrepôt qui nous accueille n’a pas la rampe nécessaire pour sortir notre Duro. Il leur faudra 7 heures pour trouver une solution qui nous permettra de sortir notre véhicule en 5 Minutes. Il nous faudra encore une heure de plus pour remettre les roues.

WordPress Gallery Extra

Le lendemain, Pierre-Michel se rend chez Bilson Truck, un excellent garage. Au moment de descendre du véhicule, un employé l’apostrophe. « Mon meilleur ami est suisse, vous devriez le rencontrer!» Cinq minutes plus tard, le rendez-vous est pris, nous irons ce soir manger chez lui, c’est parfait… Au garage, le Duro fait sensation, au moins 20 personnes viennent se coucher sous le véhicule. Il nous faut changer une barre d’entraînement et remettre en place le ressort d’amortisseur que nous avions cassé au Maroc. Malheureusement, la pièce de rechange n’est pas la bonne. Pas de soucis! On va trouver un plan B… Quinze minutes plus tard, nous sommes au centre-ville dans un atelier spécialisé. En 10 minutes ils ont identifié la pièce à remplacer et en ont trouvé une neuve ailleurs en ville. Une heure plus tard, tout est remonté et le véhicule inspecté de part en part. Nous sommes prêts pour reprendre la route.

WordPress Gallery Extra

Le soir, nous sommes chez Daniel et Anouska et leurs deux enfants. Ils sont sur le départ. Dans deux mois, ils retournent vivre en Suisse après de nombreuses années en Afrique du Sud. La situation sécuritaire et économique n’est plus acceptable pour eux et ils souhaitent que leurs enfants puissent bénéficier de la scolarité suisse, meilleure pour leur avenir. Au cours de la soirée, nous prenons peu à peu conscience des énormes défis sociaux et politiques de ce pays. Les disparités entre les riches et les pauvres sont immenses et tout sépare les diverses communautés, qui se côtoient sans se mélanger. Les riches, généralement blancs, ont accès au même luxe qu’en Europe, sauf qu’ils vivent enfermés derrière des barrières électriques pour leur sécurité.

WordPress Gallery Extra

Post a Reply

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*