Le Maroc : Un tour d’essai riche et passionnant

1ère partie de notre voyage au Maroc

Après ce départ interminable, nous sommes donc entrés au Maroc le 19 janvier 2018. Nous n’avions initialement pas prévu cette destination. Mais courant de l’automne, nous devions bien nous rendre à l’évidence. Traverser la Turquie et l’Iran en hiver, c’était nous exposer à des températures pouvant être inférieures à -20°C. Hors de question pour un début de voyage. Le Maroc au contraire, devait nous offrir des températures printanières et la possibilité de faire un “tour d’essai” sans être trop loin de l’Europe… sauf que ce fut l’hiver le plus froid au Maroc depuis 50 ans!

Dès notre arrivée, le Maroc nous surprend. Le nord, vers Tétouan, où nous passons notre première nuit, vit une expansion phénoménale. Il y a des constructions partout. Pour nous, ce premier jour est l’occasion de se retrouver, de nous promener au bord de la plage, de sentir le soleil sur notre peau et le sable sous nos pieds. Nous sommes enfin en voyage et ça fait du bien…

Notre première destination est Chefchaouen, réputée pour ses façades bleues, absolument magnifiques. Nous y dégustons notre premier tagine, un repas excellent et copieux, constitué de légumes frais, d’un peu de viande et de pain. Une vie simple et saine s’offre à nous… nous en avons bien besoin après des mois de travail épuisant.

Cette première étape est aussi pour nous l’occasion de nous installer dehors, de faire la lessive, d’essayer nos chaises et de faire l’école au soleil. Nous y faisons aussi la connaissance de Sonia et Julien, deux jeunes Français qui ont fait le choix d’une vie plus sobre, mais plus libre… ils vivent dans leur fourgon, travaillent l’été comme saisonnier dans les vergers et voyagent l’hiver… Nous les reverrons à 4 reprises dans notre périple… une rencontre qui nous laisse de bien beaux souvenirs.

Voyager avec des enfants, c’est aussi leur faire découvrir l’histoire, et celle du Maroc fut également marquée par le passage des Romains. L’occasion de revenir sur les enseignements faits à Nîmes sur l’Empire romain. Ainsi, nous visitons Volubilis qui nous marque par la qualité des mosaïques qui y subsistent.

À Fès, la Medina est immense, 150’000 habitants, 9000 ruelles. Dans les centaines de petites échoppes, on trouve de tout. Organisée par corporation, il est passionnant de découvrir avec les enfants comment travaillent depuis des siècles les tanneurs, les forgerons, les cordonniers… de goûter toute sorte de pâtisseries ou de boire un thé de menthe sur une terrasse en admirant l’effervescence de ce monde si différent du nôtre.

En partant de Fès, nous voulions traverser l’Atlas, mais au moment de nous mettre en route, la météo nous retient, ils annoncent de la neige en altitude. Nous partons donc direction de la mer, Rabat et Casablanca. Dans les jours qui suivent, les médias annoncent que des quantités de neige bloquent les routes et qu’il neige jusqu’à Ouarzazate, Marrakech et même dans le désert.

Nous ne restons pas à Rabat et continuons notre route direction Casablanca, dont nous visitons la mosquée monumentale. Inaugurée en 1993 par le Roi Hassan II, elle offre un spectacle impressionnant par ses dimensions et par la richesse des ornements réalisés par des centaines d’artisans marocains.

Nous passons ensuite quelques jours à Oualidia, au bord de la mer. Le camping est tout neuf et bien agréable. Ce samedi là, c’est le souk, le marché régional. Nous nous y rendons en pensant découvrir quelques étals de légumes. Et bien, quelle surprise! C’est un énorme marché qui s’est installé aux abords de la petite ville. Tous les paysans et commerçants de la région y font commerce. Quelle agitation et quelle belle expérience… L’odeur des épices, les couleurs des fruits et des légumes, la variété des céréales vendues en sac à même le camion, les tissus chatoyants et leurs marchants souriants. Dans une allée, des bijoutiers, à même le sol, présentant leurs orfèvreries, à des groupes de femmes voilées. Plus loin, des centaines de volailles occupent l’espace… c’est le coin des bouchers. Ici, on achète le poulet sur patte et l’on paye le poids vif. En l’espace de quelques minutes, il est ensuite préparé pour être emporté. Fraîcheur garantie, l’odeur en prime. Plus de doute pour nos enfants, la viande, avant qu’elle ne soit dans votre assiette est bien vivante…

Comme évoquée, la météo n’est pas particulièrement clémente en ce début d’année. Heureusement, notre véhicule devient peu à peu une maison confortable. Il nous offre, dans un espace certes restreint, tout le confort dont nous avons besoin. C’est ainsi que nous passons toute une journée au bord de la mer sous une pluie battante à jouer ensemble, regarder un film et manger, sans même mettre le pied dehors, si ce n’est pour prendre quelques photos. En fin de journée, un pêcheur vient nous proposer le poisson du jour…

Mais le soleil et un peu de chaleur finit par arriver et nous arrête net pour une semaine. Nous sommes à Takat, au sud d’Agadir, dans ce qui passe pour être l’un des meilleurs campings du Maroc. Il est en effet bien confortable, avec la piscine pour les courageuses! Il est occupé quasi exclusivement par des retraités comme tous les campings marocains.

Nous y rencontrons Claudine et Daniel de très sympathiques compatriotes, avec qui nous partageons l’apéro et de bonnes discussions. Ils nous parlent également de Tiznit qui n’est pas bien loin et où nous trouverons les artisans dont nous avons besoin pour continuer les travaux sur notre véhicule.

C’est ainsi qu’arrivés à Tiznit, nous faisons la connaissance de Jama et Isam, qui tapisseront l’intérieur de notre cabine avec le similicuir que nous avions emporté avec nous. Au fil de jour, les liens se tissent, les repas se partagent et après trois jours, Taher, ami des tapissiers, nous invite chez lui pour partager un tagine de poisson. Soirée inoubliable, à refaire le monde, à chercher à mieux nous comprendre à travers nos différences. Religion, croyances, politique, mariage, argent… tous les thèmes sont abordés librement, notamment grâce à Simo qui parle parfaitement français et qui est très érudit. Quel beau moment de partage!

Tiznit est également l’occasion d’autres rencontres, notamment avec Abdel, patron du restaurant A l’Ombre du Figuier et instituteur dans un petit village. C’est l’occasion pour Louise et Jeanne de vivre un après-midi dans une classe marocaine.

La vie des Berbères est également bien animée en soirée. Elle diffère toutefois profondément de ce que l’on peut connaître chez nous, par la prohibition complète de l’alcool dans tout le pays. On regarde le foot comme partout ailleurs dans le monde, mais on y boit du thé de menthe à la place de la bière.

Depuis que nous côtoyons des voyageurs au Maroc, beaucoup nous parlent de Tafraout. Un couple d’Allemand, rencontré sur le ferry, y séjournent plusieurs mois par ans… nous y sommes donc allés voir… que c’est beau! Mais au lieu de camper à la palmeraie en compagnie d’une centaine de camping-cars, nous avons trouvé un bivouac sauvage au milieu des rochers et des amandiers en fleur… un pur délice!

Nous sommes le 24 février et nous avons décidé de ne pas poursuivre vers le Sud. En effet, une option qui s’offrait à nous était de traverser la Mauritanie et de poursuivre notre route à travers l’Afrique de l’Ouest, le Sénégal, le Mali. Certainement très intéressant. Mais notre objectif est de pouvoir tester notre véhicule, en qui nous reprenons peu à peu confiance. Aller à la rencontre du désert, de ses pistes, nous semble en ce sens plus cohérent. Par ailleurs, il y a encore un autre défi à relever pour nous: celui de pouvoir mettre notre véhicule dans un container pour pouvoir l’envoyer sur un autre continent… et pour une première expérience, le ‘shipping’ depuis l’Espagne nous semble plus accessible que depuis un port africain… nous traverserons donc le Sud marocain par le désert, puis nous remonterons vers l’Espagne par les montagnes de l’Atlas, maintenant praticable…