Ouganda : Nos fêtes de fin d’année
Du 21 décembre 2018 au 5 janvier 2019
Grâce au visa commun entre le Rwanda, l’Ouganda et le Kenya, notre entrée en Ouganda n’est plus qu’une formalité. Comme toujours, la frontière passée, nous jouons au jeu des différences. À dire vrai, ce n’est vraiment pas difficile… en effet, la propreté et l’ordre du Rwanda n’est ici plus qu’un souvenir, l’Ouganda est en ce sens plus vivant, plus désorganisé et plus… “Africain”.
Nous traversons une région montagneuse, dotée paraît-il de superbes volcans. Malheureusement, la météo n’est pas très clémente avec nous ce jour-là et les paysages sont souvent masqués par le brouillard. Il n’en reste pas moins que le passage dans les villages, la population présente sur les routes, à pied, à vélo ou en moto, nous offre un spectacle bien vivant et intéressant.
Nous avons décidé de passer la nuit proche d’un lac, un peu à l’écart de notre route. Nous quittons ainsi l’axe principal pour emprunter une petite piste qui traverse plusieurs carrières de pierre. Des dizaines de familles travaillent dans ces mines, cassant la pierre au marteau pour en faire des gravillons… Beaucoup d’enfants et de femmes participent à ce travail harassant et certainement l’un des moins lucratifs du monde… mais c’est visiblement leur seule source de revenus, en dehors d’une agriculture vivrière. Comme nous l’avions vu en Zambie avec le charbon, les populations tentent de trouver des sources de revenus comme ils le peuvent. Beaucoup de travail pour quelques pièces de monnaie… en Ouganda comme ailleurs la pauvreté touche une grande majorité de la population.
Le bord du lac est très beau et nous rencontrons dans l’hôtel où Dominique et Romane passent la nuit un jeune allemand qui séjourne ici depuis plusieurs mois. Il aime aller passer du temps sur les îles inhabitées du lac, seul, juste avec sa tente… ce qui est formidable avec le voyage c’est que chacun le pratique à sa manière.
Le lendemain, nous poursuivons notre route jusqu’à Kampala, en chemin nous passons par un fantastique marché aux légumes installé sur le bord de la route. Nous nous fournissons autant en fruits, qu’en miel et faisons même l’acquisition de quelques souvenirs d’artisanat local.
Traverser un pays en véhicule est un privilège dans la mesure où cela permet de découvrir à notre rythme les divers aspects de la vie qui s’y déroule. Avec les mois, au contraire de nous lasser, nous apprécions de plus en plus les petits détails de la vie courante. C’est le sel du voyage, qui donne du goût à ce que nous vivons…
En Ouganda nous passons l’équateur sous la pluie battante. C’est l’occasion de faire une pause pour manger et nous ne manquons évidemment pas d’immortaliser le moment.
Nous entrons dans la capitale toujours sous une pluie. L’entrée comme la sortie est totalement embouteillée, un joyeux méli-mélo de véhicules et de chauffeurs très patients…
Nous sommes le 23 décembre et nous avons besoin, demain, d’une journée familiale pour fêter notre première année de voyage! Ainsi, nous déposons Dominique et Romane dans une jolie gesthouse et nous nous rendons dans un autre lieu, davantage prévu pour les voyageurs en véhicule… C’est confortable, avec piscine, mais c’est trop grand, trop impersonnel, l’ambiance n’est pas à notre goût. Nous décidons tout de même de rester, ce pour autant que nous puissions garer notre véhicule dans l’herbe, où nous pouvons être un peu à l’écart. Mais à minuit nous sommes réveillés par beaucoup de bruit… un groupe vient d’arriver et a décidé de planter son campement tout près de notre véhicule… À une heure du matin, les enfants jouent encore au foot, les parents crient toujours et le moteur du camion tourne de manière ininterrompue depuis une heure… bien qu’habitués au bruit pendant la nuit, là c’est vraiment insupportable… Le lendemain, nous constatons que le groupe a planté pas moins d’une quinzaine de tentes à côté de nous. Les plus proches sont à un demi-mètre notre véhicule. C’est un groupe kenyans d’une trentaine de personnes, dont plusieurs familles, qui font un voyage organisé avec un gros camion…
Il est tout à fait clair que pour passer une journée tranquille en famille et passer un bon réveillon de Noël, il nous faut trouver un autre endroit. C’est exclu de rester là, on dégage… N’ayant pas réussi à dormir pendant une partie de la nuit, Pierre-Michel a pu localisé quelques endroits sur le bord du Lac Victoria qui pourraient être sympa… Après avoir fait les courses et rencontré le père Noël (qui a dit que le père Noël était blanc!), nous nous rendons à l’endroit le plus prometteur de la liste. C’est une sorte de “piscine” au bord du lac, en reconstruction. Le lieu a certainement été particulièrement beau à une certaine époque, et pour cause. C’était l’un des lieux favoris d’Amin Dada, le dictateur qui fut au pouvoir en Ouganda durant des années. Il aimait venir ici au bord du lac… c’est de l’histoire ancienne et pour nous ce lieu correspond exactement à ce que nous recherchions. Nous sommes presque seuls et nous pouvons négocier facilement de nous installer tout au bord du lac… par ailleurs, la piscine vient d’être restaurée et les enfants se font un plaisir d’y plonger. Nous préparerons notre réveillon et appelons familles et amis pour leur souhaiter un joyeux Noël. Fidèles à la tradition, les filles décorent un petit arbre en pot qui fera très bien son office de ‘sapin’ de Noël. Nous passons une très belle soirée, pleine de joie, de cadeaux et d’amour. Seule ombre au tableau, le repas de Noël qui est un fiasco! Les crevettes du plat principal étaient pourries… Ah! le voyage et ses surprises! Une année déjà sur les routes !
Le lendemain, nous retrouvons Dominique et Romane pour partager avec elle un très beau moment de Noël. À cette occasion, les filles montent un magnifique spectacle de danses et de chants. La magie de Noël a fait briller des étoiles dans les yeux de chacun d’entre nous.
Dans les jours qui suivent, nous découvrons la capitale. Kampala la bruyante! Ses motos-taxi (boda boda) qui klaxonnent, sa pollution, sa circulation effrénée. Et paraît-il que ce n’est rien durant la période des fêtes, beaucoup de gens sont partis de la capitale pour retrouver leur famille. Nous montons sur le minaret de la deuxième plus grande mosquée d’Afrique, après celle de Rabat au Maroc, visitée l’année précédente. Vue d’en haut, la capitale est encore plus imposante, avec ses rues qui fourmillent de gens et de véhicules.
Le centre-ville de Kampala offre le paroxysme de cette agitation. Sur de multiples niveaux, les échoppes s’entassent. Il y a du monde partout et il faut se faufiler entre les livreurs, les dames pressées, les hommes en discussion ou les vendeurs qui nous haranguent en permanence. Les rues ne sont qu’embouteillages et klaxons. Minibus collectifs, motos-taxi, camionnettes et camions jouent des coudent… Tel un immense organisme vivant, tout est en mouvement. En son cœur, un gigantesque arrêt de minibus nous stupéfie! Nous cherchons à le voir par le haut et trouvons, sur les toits, le café d’un hôtel qui surplombe la fourmilière. Ce centre-ville nous laissera à jamais un souvenir incroyable !
Nous passons également un après-midi plus détendu au bord de la grande piscine du Séréna Hôtel. Les filles profitent un maximum de jouer et d’être ensembles conscientes que le voyage de Dominique et Romane touche bientôt à sa fin. Le lendemain, la séparation fut une vraie épreuve… Être loin des amis et de la famille si longtemps, surtout en période de fête de fin d’année, n’est pas toujours facile.
Pour le Nouvel An, nous avons davantage besoin de calme que d’une grande fête. Nous décidons ainsi de quitter Kampala le 31, pour passé à la nouvelle année dans une ville plus petite, à savoir Jinja, aux sources du Nil ! Nous n’avons que 80 kilomètres à parcourir et partons peu après midi de la capitale… C’était sans compter le trafic ! Nous passons pas moins de 7 heures dans les bouchons et nous n’avons aucune idée où nous allons passé la soirée de la Saint-Sylvestre. Il est près de 20 heures lorsque nous arrivons à l’endroit où nous avions envisagé garer notre véhicule pour la nuit… malheureusement, le lieu est très moyen ! Nous devons trouver un autre endroit pour dormir et un plan pour la soirée. A proximité, il y a un petit hôtel. Nous tentons de convaincre les employés d’accepter que nous dormions sur leur parking. C’est gagné! Reste à trouver une soirée. À distance de marche, il y a un gros hôtel au bord du Nil qui organise une soirée du Nouvel An, avec musique, repas et feux d’artifice. Ça fera l’affaire… Nous nous y rendons vers 21 heures, mangeons un repas moyen, puis la musique étant vraiment trop forte, nous retournons dans notre Duro pour regarder un film! Vers 23h30 nous retournons à la ‘New Year Party’ pour le feu d’artifice sur le Nil… Nous voilà en 2019 ! Une année pleine de promesses et certainement pleine de surprises.
Le 1er janvier, nous découvrons le bord du Nil et prenons notre petit-déjeuner dans un jardin, connu pour ses chauves-souris. Des milliers d’entre elles tournoient au-dessus de nos têtes. Une belle entrée en matière dans les surprises de l’année!
Nous décidons d’aller passer quelques jours non loin de Jinja, dans un lodge, The Haven, qui domine de majestueux rapides (praticables en rafting pour les plus téméraires). Nous y rencontrons Erich et Maya, un couple Suisse à la retraite, qui voyage en camion comme nous. Erich s’y connaît un peu en mécanique et Pierre-Michel se sent suffisamment d’attaque pour se plonger dans un problème insoluble de bruit dans le moteur. Lorsque nous arrêtons, le moteur, un gargouillement, comme si l’on faisait des bulles dans un verre est fortement présent… C’est inquiétant, ce d’autant plus que notre système de refroidissement est toujours connecté à notre vase d’expansion de fortune (cf. Rwanda). Durant deux jours, tout est tenté pour savoir d’où peut provenir ce bruit… Le système d’eau de refroidissement est purgé, sa pression mesurée, des contacts sont pris avec la Suisse pour obtenir des conseils avisés, mais rien… Personne ne sait d’où cela peut provenir… Il faudra faire avec, avec cette angoisse que notre moteur puisse avoir une avarie et que l’on soit impuissant à l’éviter.
Cela dit, au moment d’écrire ces lignes, soit 6 mois plus tard, nous n’avons toujours pas résolu la question, mais nous avons maintenant des pistes à vérifier, dès que notre véhicule arrivera en Uruguay…
Nos nouveaux amis suisses s’en vont, nous restons encore un jour au ‘The Haven’. Nous rencontrons un vieil Australien de plus de 70 ans. Il a une sclérose en plaques et ne marche plus très bien. Il est venu jusque-là sur sa moto, aussi ancienne que lui, à travers toute l’Asie, l’Europe et compte bien parcourir tous les continents… Dans l’après-midi, les filles disparaissent… grosse frayeur! Nous les cherchons partout… elles ont rencontré deux enfants de leur âge, Lena et Kilian, qui plus est, parlent français. C’est une famille d’expatriés. Fabrice est français et a vécu toute sa vie en Afrique et Ute allemande. Elle travaille depuis toujours dans la diplômatie. Nous restons un jour de plus pour profiter de passer du temps avec nos nouvelles connaissances et terminer en beauté notre bref passage en Ouganda.
Avec les soucis mécaniques, les fêtes et le besoin de se retrouver en famille après trois semaines en compagnie de Dominique et Romane, nous décidons de ne pas étendre notre visite de l’Ouganda et de poursuivre directement notre voyage en direction du Kenya tout proche. Nous avons également besoin d’avoir des réponses quant à la suite de notre périple vers le nord et nous espérons les trouver à Nairobi. Nous avons appris que la situation au Soudan est en train de se péjorer et entendu plusieurs récits peu rassurants sur la sécurité en Éthiopie…
